Dans pratiquement tous les pays, la confusion entre vieillesse et sagesse est si fréquente qu'elle entraîne une fausseté des rapports entre les générations au sein 'une même famille, d'un clan, de tout un groupe social. Le respect, dit-on ! Or, peut-on respecter quelqu'un qui n'est ni sage ni agréable, qui détruit au lieu de construire, qui profite de l'avantage de l'âge pour exiger tout et n'importe quoi, bref qui est ignare ou sciemment mauvais ? De nombreux contes rapportent que celui qui a méprisé la vieille femme, ou le pauvre homme nécessairement vieux lui aussi, alors qu'elle était une fée, ou qu'il était un sauveur, encouragent cette confusion, vieillesse/sagesse. Du Sud au Nord, d'Est en Ouest, la personne âgée est censée avoir acquis de l'expérience, comme elle est censée savoir transmettre son savoir. En Occident, encore très récemment, on reconnaissait la compétence de l'homme politique ou du décisionnaire, quand il avait atteint un certain âge, juste au moment où les maladies de la vieillesse se déclarent… L'adéquation arbitraire et inopportune Âge-Compétence, ou Âge-Sagesse, a donné libre cours à toutes les aberrations où les plus jeunes s'interdisaient, et s'interdisent encore, d'oser contredire l'aîné y compris quand il impose ses inepties. Aujourd'hui et c'est très nouveau, quelques audacieux, des "affranchis", parce qu'ils bénéficient de talents hors norme, n'hésitent plus à s'opposer à l'homme incompétent, même vieux. Les tabous sont encore bien ancrés et les peuples hésitent encore à exiger la preuve de compétences, une sorte de brevet en somme, d'hommes qui les dirigent ou du patriarche qui s'impose au nom de ses rides. En Afrique ou en Asie et au sein de l'univers familial, les jeunes avant-gardistes ou les fortes personnalités ont recours à tout un panel de ruses et déploient une stratégie bien étudiée pour agir sans offenser la "tradition" et contourner le problème. Quand le respect est mérité, que l'adulte possède de réels talents, les jeunes chanteurs africains savent rendre des hommages à une "vieille mère" ou "vieux père", rarement vieille ou vieux en âge en réalité, qu'ils reconnaissent et qu'ils estiment pour la protection, les conseils, qu'ils leur prodiguent. Dans ce cas, c'est effectivement un hommage à la sagesse de la femme ou de l'homme qui sait ! Être reconnue vieille mère est quasiment un honneur. Les autres, les femmes ordinaires ayant dépassé la quarantaine sont appelées "tantie" petit subterfuge histoire de ménager les susceptibilités. Il s'avère que les plus jeunes savent aussi faire la part des choses et reconnaître d'instinct l'envergure spirituelle et le désintéressement. "La vieille mère" ou "vieux père" est le guide que tout un chacun espère rencontrer pour soi. Cet aparté est pour dire que si l'on est en relation avec un vieux ou une vieille en songe, on a à distinguer entre le vieux, ou la vieille, usé par les ans et qui n'a pas nécessairement appris les leçons de la vie, et le Vieux-Vieille, qui, au-delà des âges, du temps et de la matière, SAIT. Ces derniers sont des référents… et des référents positifs. |
Le vieillard qui faisait fleurir les arbres morts
©Nahum Tschacbasov - 1897-1984
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