Mais qu'est-ce que les gargouilles qui ornent les façades anciennes? Elles ont été conçues tout simplement pour aider l'évacuation des eaux de pluie et éviter que les toits s'écroulent ou prennent eau. Cette nécessité étant devenue évidente, les architectes ont laissé libre court à leur imagination. Elles représentent tantôt des démons, tantôt des monstres ou personnages grotesques, tantôt des animaux effrayants tout droit issus d'un bestiaire fantastique. Pourquoi ce choix ? Les premières gargouilles apparaissent au début du 13e siècles en premier lieu sur les édifices religieux. Nous étions à une époque où l'illettrisme était monnaie courante et ce qui pouvait être transmis par les livres ne concernait qu'une minorité. Facebook (heu... pardon, les réseaux sociaux) qui fait que chacun poste sa petite photo de son petit quotidien sur son mur, est né six siècle et demi plus tard. Au 13e siècle pour s'adresser au plus grand nombre et les inciter à se remettre en question - édifice religieux, morale oblige -, pour les inviter à grandir et à canaliser ce qu'il y a de plus sombre dans la nature humaine, ne restait que l'image sculptée et accrochée aux murs, bien concrets et bien solides, ceux-ci. Les figurations des gargouilles renvoient chacun au tréfonds de son inconscient où se tapissent les peurs et les angoisses, les phobies et les culpabilisations... Les dragons, les êtres lubriques, les monstres sont un canal idéal pour personnifier ce qui taraude et torture l'esprit humain. De les voir matérialisés permet tout un chacun de démystifier ses angoisses, d'accepter les différences - l'Autre que l'on prend pour un monstre -, d'avoir un support pour dépasser ses travers - et la lubricité n'en est qu'un exemple- Pour l'interprétation, souvenons-nous que le toit figure symboliquement les fonctions du mental, de l'analyse aux ruses psychiques en passant par la mémoire et que le mot gargouilles est dérivé de gorge et de gueule. Aussi, par extrapolation, leur évocation est la promesse d'une libération de l'esprit par la libération de la prise de parole. |
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