C'est dans le ventre de la femme que tout homme est conçu, qu'il se forme, et qu'il en sort. Lieu d'origine de toute espèce, humaine et animale, le ventre contient les mystères, les secrets et la nourriture première de l'homme. C'est pourquoi on lui associe la notion de protection absolue, de refuge. Dans le ventre des mères, les êtres sont à l'abri, au chaud, nourris, protégés, cajolés. Or, rien n'est moins sûr ! Qu'ils soient à l'abri du regard des autres, oui, mais certainement pas à l'abri des agressions du monde ou des agressions de la mère. Cette vision idyllique de ce petit paradis maternel a conforté l'idée chez les onirocritiques qu'un ventre gros annonce la richesse et un maigre, la maladie. Symboliquement le ventre, d'une femme ou d'un homme, représente le patrimoine, les biens existants, et la profession dont on tire ses ressources. Pendant les séances d'Hyperventilation, les pratiquants peuvent avoir la sensation de se retrouver dans le ventre de leur mère. Ils semblent découvrir les pensées de celle-ci à leur égard, la façon dont elle a vécu sa grossesse ou la maternité. Ils sont dans un état d'hypersensibilité et ils ressentent bien l'ambivalence des sentiments. Les ressentis qu'ils rapportent sont loin d'encourager l'optimisme. Oui, on peut objecter que le pratiquant projette ce qu'il suppose des états de sa mère. Or, suite à cette expérience et à maintes reprises, nombreux sont ceux qui ont découvert qu'ils n'étaient pas désirés alors qu'on leur avait dit le contraire, d'autres qui ont eu la confirmation du désir d'avortement de leur mère, d'autres encore qui ont appris qu'à cette même période leur mère fréquentait un autre partenaire que le père, ou inversement que le père fréquentait une autre femme et ont réalisé la solitude de leur mère. Il va de soi que chacun a vérifié ce qu'il a perçu au cours de la séance, le besoin de preuves et d'explications est indispensable en pareil cas. Se contenter de rester sur de simples impressions ou sensations fait partie des dérapages tels que nous le rapportent Élisabeth Loftus, "Le Syndrome des faux souvenirs" (ed. Exergue). C'est dramatique autant pour soi, pour son parcours de vie que pour son rapport avec autrui. MAIS, l'inverse de ce qui vient d'être écrit est également vrai. Ceux qui avaient cru ou s'étaient persuadés d'un rejet de la part de leur mère conséquence de malentendus ou de non-dits dans la vie éveillée, découvrent le contraire et de meilleures intentions que ce qu'ils supposaient. Ils sont en contact direct avec les doutes, les inquiétudes de la mère de ne pas être à la hauteur, son désir de bien faire, son désir de recevoir cet enfant. Cette expérience contribue au début d'une réelle réconciliation effective. |
Lucian Freud - 1922
©Wojciech Weiss - 1875-1950
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